Salut à tous,
Comme cette feignaisse de Stèf n'a pas encore raconté son premier IM, je commence.
La veille, on a donc récupéré nos dossards, préparé nos sacs et nos vélos et tout descendu dans le parc. Le stress n'est pas encore présent, je suis presque détaché de la course. Le soir chacun mange avec sa famille, rendez-vous à 4h20 le lendemain pour prendre la navette qui nous descendra au parc. Et comme bien sûr il faut forcément que quelque chose foire, je ne me réveille pas ! Stèf vient frapper à la porte, j'embarque en vitesse mes dernières affaires et mon gatosport qui sera englouti à la vitesse de l'éclair dans la navette quasi-vide. Il y a au moins un avantage, c'est que je n'aurai même pas le temps de stresser...
Dans le parc on se prépare à la lumière des frontales et l'ambiance devient un peu pesante, normal. On se présente au départ de la natation et après quelques minutes d'attente le signal est donné. Stèf et moi on se fait une rapide accolade pour s'encourager et on se lance. Je lui souhaite bonne chance mais il ne me répond pas, il semble être déjà dans sa bulle.
La natation se fait doucement, dans une eau fraîche et agitée, ce qui nous vaudra quelques bonnes rasades derrière le gorgeon. Peu à peu le jour se lève, le temps est couvert, pas de bol. Au bout de 1h 13 ( ! ) d'effort, je sors de l'eau, suivi comme mon ombre par Stèf. Je suis gelé, je me change complètement ce qui me vaut un temps de transition record qui frôle le quart d'heure. Je pars à vélo totalement transi de froid. Au bout de quelques km, je rejoins Stèf, je me réchauffe petit à petit dans mon imperméable. Le vélo se passe calmement, tout en gestion de l'effort et surtout du froid, de la pluie et du vent. Dans le col de Pailhères puis dans celui du Chioula ça devient vraiment compliqué à supporter, notamment dans les descentes abordées entre 20 et 30 km/h à cause des mains gelées et des rafales de vent. Arrive la terrible côte de Carcanières ; il reste alors une cinquantaine de km durant lesquels je vais ramasser les morts : tous ceux partis trop vite vont le regretter amèrement ! Au bord de la route, un spectateur m'annonce que je suis 30ème mais je lui réponds que c'est impossible ; je pense être alors en milieu de classement. Arrivé au parc au bout de 9h07 je constate qu'il disait vrai. Mais comme à Embrun en 2008, le froid me bloque les genoux, et je sens dès les premiers pas que le marathon sera difficile. Et de fait, la première moitié fut compliquée et douloureuse. Je force un peu pour essayer de conserver ma place mais je m'arrête tout de même aux ravitos où les bénévoles sont fort avenants. Je me fais même interviewer par un gars de l'organisation, qui voit bien que ça ne va pas très fort. Mais, comme par miracle, les douleurs petit à petit disparaissent, j'augmente l'allure et le moral remonte ! Je reviens sur un participant, puis un autre, et ce jusqu'à quelques centaines de mètres de l'arrivée. A chaque fois je me demande s'il n'est pas plus raisonnable de temporiser plutôt que d'accélérer, mais gagner une place, c'est dur de refuser alors je relance. Les douleurs se taisent, la ligne se rapproche, c'est le moment de la course où toutes les appréhensions et les doutes font place à l'euphorie : le boulot est fait, les mois d'entraînement trouvent leur signification, les IM c'est quand-même pas mal et celui-là plus que les autres !! Au final, j'aurai mis 4h05 à pied. Ce temps sera le seul point de "déception" de la course le lendemain, déception qui passera très vite : je ne pouvais pas aller plus vite sur la première moitié du parcours et celui-ci est, tout de même, assez exigeant...
La ligne approche, je retrouve Florence, ainsi que Léa et Noé qui montent avec moi sur le podium. La petite photo qui va bien, la seconde interview de la journée (il y en aura une troisième un peu plus tard, un gars de Vineuil c'est la consécration assurée pour l'organisateur) et hop, je récupère la médaille au bout de 14h41 d'effort.
Après une douche et un bon massage, j'engloutis une pizza et une bonne mousse puis je vais récupérer mes affaires et celles de Stèf en bas, au parc. Comme d'habitude après une course comme ça, je plane un peu ! Reste à attendre Stéphane, qui va terminer, c'est maintenant une certitude : le club fait carton plein et c'est une totale satisfaction !! Mais je laisse à Stèf le soin de vous narrer son aventure...

En tous cas cette course est vraiment à part, et pas seulement à cause de sa difficulté : l'organisateur attend tous les finishers (173 sur 247 au départ), les bénévoles sont hyper gentils et prêts à tout faire pour nous aider, le public vraiment présent porte les participants à coups d'encouragements incessants, ... Et en plus, un coureur est arrivé en costard et a demandé sa copine en mariage sur le podium !!

Bref, une course (peut-être) à refaire mais pour l'instant, place à la récup avant Embrun !

encore bravo, super sympa à lire ton résumé !
vous êtes hors normes les gars.
Qd je vois vos tps je me dis que ça doit vraiment être dur !!!!
encore bravo et bravo ça laisse rêveur !
bis à vous et bonne récup
alex

Salut tout le monde,
Vous trouverez ci-dessous mon récit sur cette expérience hors du commun. Ce n'est pas de la grande littérature mais je me suis pris à revivre cette aventure en la couchant sur le papier. Bonne lecture...

1er IM - 1er Altriman : une journée en enfer

J-1 :
On se retrouve avec Merri pour récupérer nos dossards : le parc à vélo n'est ouvert qu'une heure pour tout déposer, il ne faut pas traîner.
On retourne chacun dans nos apparts pour préparer nos sacs et nos vélos.
Beaucoup de questions trottent dans ma tête... Heureusement, Merri me rassure et je réussis à tout préparer assez calmement.
On dépose tout et on se sépare en se donnant rendez-vous le lendemain matin. Mais le stress est là, et bien installé.
La nuit ne va pas être simple...
Couché à 22h mais difficile de dormir. J'y arrive tout de même jusqu'à 01h. Après, je regarde les heures défiler jusqu'à celle du réveil.

Jour J :
03h30 : le réveil sonne. Pas d'appêtit mais je mange quand même un bout de mon Gatosport. Il le faut.
04h15 : je récupère toutes les affaires dont j'ai besoin et je descends chercher Merri pour prendre la navette.
04h20 : branle-bas de combat chez Merri qui vient tout juste de se réveiller. On descend dans la rue. La navette est là, vide. C'est glauque.
La navette se remplit un peu et elle démarre pour nous emmener au parc. Mais qu'est-ce que je fous là ???
Problème de lumière dans le parc et sur le plan d'eau.
Nous sommes obligés de finir de nous préparer à la lumière des frontales : gonflage des pneus, maillot de bains + combinaison, dépôt des sacs de ravitto perso, ...
05h30 : nous sommes tous sur la ligne de départ mais le plan d'eau est dans le noir : tjs pas de lumière.
Le speaker déblatère son speach pour nous faire patienter. Heureusement que Merri est là, ça me tranquilise malgré l'ambiance trés pesante.
Les lumières s'allument, les fumigènes rouges également. Le jour commence à se lever.
Le départ est donné avec 1/4 d'heure de retard. On se fait une accolade avec Merri et on se dit : "bonne journée et à ce soir".
L'eau est froide. Pas trop de bousculade. Je peux nager correctement. Beaucoup de vagues à cause du vent : on se croirait en mer.
1er tour de bouclé en 34 mn sans trop d'encombre. Pas top mais correct.
Ca se bouscule un peu sur le ponton pour recupérer le départ du 2ème tour. Petit regard sur le lac et content de voir qu'il en reste encore pas mal dans l'eau.
2ème tour de natation idem que le 1er. Après 1h12 d'effort, je pose le pied sur la plage. Enormement de monde, c'est top. C'est grisant.
Petite course à pied pour aller au parc, et je vois Merri qui commence à se changer.
On se déshabille complètement pour bien s'essuyer car il fait froid. On avait prévu de partir avec des affaires sèches.
Je me change et c'est parti pour le vélo.
Je laisse Merri toujours en train de se changer. Pas d'état d'âme, il me rattrapera. Pas de doute.
Je commence à rouler. Les sensations ne sont pas super et j'ai froid. je me dit que ça va partir et que ça ira mieux après qqs kms.
Je me réchauffe progressivement. Je commence à me faire doubler. Il faut que je m'y habitue car ça va être ça pendant tout le velo...
Comme prévu, Merri me rattrape au pied du 1er col, après 10km. Je l'ai en point de mire gràce à son kway jaune jusqu'au 2nd col.
Beaucoup de vent, pas top mais pas de pluie, c'est déjà ça.
Jusqu'à la 1ère difficulté majeure (Pailhères : +2000m), j'y vais en mode touriste.
Ravitto à Mijanes (au pied de Pailhères) : beaucoup de monde. On sent que ce qui suit ne va pas être simple.
Effectivement, la pluie fait son apparition, le vent se renforce et la sensation de froid s'intensifie. Je me dit que l'enfer commence.
Après beaucoup d'effort, arrivée au sommet dans les nuages. Je suis complètement gelé. je claque des dents.
J'ai les doigts qui me font mal tellement j'ai froid. Heureusement que les bénévoles sont là. Ils sont au petit soin pour nous.
Le problème est qu'il faut redescendre. On n'y voit rien. Mais qu'est-ce que je fous là...
La descente se fait tant bien que mal mais c'est pareil pour tout le monde. On n'arrive à se réchauffer que dans la montée vers le col de la Chioula.
Déjà 100 kms de passés mais il reste le plus difficile.
Les kms défilent lentement tandis que le chrono tourne vite. J'ai peur de la barrière horaire. Je profite de la descente vers Gesse pour égrenner les kms rapidement
et me garder un bon matelas de temps avant les dernières grosses difficultés.
Km 150 :
Garavel est un enfer : non pas par sa difficulté mais par le fait qu'on n'en voit pas le bout, c'est hyper long.
Carcanières est un enfer : les pentes à 18% sont terribles, surtout avec 180 kms dans les jambes. C'est assez court, heureusement.
On peut lire sur la route : "Les choses les plus folles sont celles qu'on ne regrette jamais". C'est de circonstance.
Dernier ravito : il ne reste plus que 17 kms... Les bénévoles sont rassurants : je serai dans les temps.
J'enquille cette dernière ligne plus sereinement mais les 10 kms de petite montée me font mal à la tête car le temps défile et je n'avance pas trés vite.
Formiguères, enfin. Il est 18h05. Il ne reste plus que 5km. je ne réfléchis plus, j'appuie sur les pédales comme un malade.
Seul objectif : arriver avant cette foutue barrière horaire. Le compteur s'affole : +50km/h. Bizarrement, je ne ressens pas de fatigue.
Arrivée au parc à vélo à 18h20. Petite polémique sur la barrière horaire car les arbitres n'ont pas eu l'information qu'elle était à 18h30 + les 15mn du retard du départ du matin.
Assis dans le parc à vélo avec la famille qui m'encourage autour, je sens la pression qui s'envole. Je me mets à pleurer car je sais maintenant que je vais le finir.
La transition est assez rapide (enfin je crois) et je pars. Je me sens bien, pas fatigué. Je commence à rattraper des concurrents. Les kms passent bien.
Je croise Merri au barrage. Il boucle son dernier tour. Vu l'heure, il est parti pour faire un bon temps.
15ème km : J'ai trop mal au ventre et la grosse nausée. Je ne peux plus courir. Je marche. Je me fais rattraper par des concurrents qui sont comme moi.
On décide de faire qqs kms ensemble. On se remémore notre journée... Nous sommes de gros malades de se lancer dans cette aventure...
La nuit tombe, il commence à faire froid, trés froid. Les autres décident de repartir à courir pour se réchauffer mais je ne peux pas les accompagner car j'ai trop mal au ventre.
Demi-tour à Balcère : enfin. J'attaque mon dernier tour. Ca descend jusqu'à Matemale.
Sous l'impulsion de mon grd fiston qui est venu au devant de moi, j'essaie de recourrir à la lueur de la frontale et ça tient.
Je redouble les concurrents qui m'avaient dépassé tout à l'heure.
Demi-tour à Matemale : plus que 9km. Je cours toujours car mon ventre tient encore. Je n'ai pas une grande foulée mais j'avance.
Passage devant le parc à vélo, ça sent bon la fin.
Reste 4 kms et tout s'éteint : plus de jus, plus de carburant. Le mental prend le pas sur le physique.
Je rentre dans Les Angles : reste un peu + de 1km et Merri vient à ma rencontre. Ca fait du bien. Je suis cuit.
Je rentre dans la salle pour la délivrance, il est 01h du mat.
La famille est là, ainsi que la famille Mosseron. Ca fait beaucoup de bien.
Photo finish, speach du speaker, remise de la médaille et de la polaire du finisher.
Suis soulagé. J'ai fini mon 1er IM et j'ai surtout réussi à boucler l'Altriman. Je comprends enfin pourquoi on parle du plus dur d'Europe.

Quel enfer!!!

Mais quel soulagement, quel bonheur d'avoir surmonté cette épreuve.
Même si le classement n'est pas super, 170ème sur 172 arrivées, je suis super content d'avoir fini. Sur les 243 partants, tous ne peuvent pas en dire autant.

Pour le moment, je n'ai qu'une envie : dormir...

Mention spéciale pour ma petite famille qui ma permis de m'investir dans une telle aventure, qui m'a bcp soutenu, encouragé sur cette journée.


En tout cas, c'est sûr, j'en ferai d'autres. Et je ne dis pas que je ne reviendrai pas.

"Quel enfer, quel enfer"... Tu ne serais pas un peu chochotte, des fois ??
J'espère que tu as bien récupéré, il va falloir penser à la prépa pour l'année prochaine maintenant : on va où ?

le norseman?

J'y pense depuis quelques années, mais c'est financièrement (voyage, location, bouffe, ...) déraisonnable...

Salut Steph,

Merci pour ce récit passionnant dans lequel tu nous fais partager un grand moment de passsion, d'effort et d'humilité.
Ça donne la chaire de poule, l'envie d'y être, voir même un peu de jalousie.
bravo à toi et à ta famille, qui comme tu le dis fait elle aussi partie de la victoire.

A bientôt ... ironman Steph

Monsiuer STEPH!
comme hervé et comme pour Merri, c'est énorme et passionnant à lire vos récits....
bravo à toi !, je te regarderais plus pareil now tu es un ironman !

La vidéo est limite bouleversante....Bande de dingues!
http://www.youtube.com/watch?v=9tSV7genFzc&feature=youtu.be

Et Merri, en toile de fond en fin de vidéo:image et commentaires...