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SUJET: Re:Embrun 2014

#2940
Merri (Utilisateur)
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Embrun 2014 Lun. 18 Août 14 18:42:34 Karma: 1  
Bon, à la demande générale, voici un CR d’Embrun...

Un mois après l’Altriman, donc, nous voici à Embrun pour tenter la passe de deux, objectif de la saison. J’espère « secrètement » (j’en ai parlé à David et à Stéphane) finir dans la première moitié du classement mais je n’ai pas d’idée concernant la récup ; j’ai essayé de courir 1h 45 depuis les Angles et ça s’est soldé par des crampes, alors on verra bien. Quoi qu’il en soit je suis assez confiant dans le fait d’aller au bout et j’aborde cette course sereinement. Les nuits précédant le jour J sont d’ailleurs bonnes, notamment la dernière, de 9h30 à 3h30.
Le matin, donc, je descends au parc avec Florence juste après avoir englouti le traditionnel Gatosport, meilleur chaque année... On loge dans un super appartement dans la station de Réallon, au calme : ça change de l’excitation qui règne autour du plan d’eau.
Dans le parc je me prépare tranquillement ; tout seul, c’est moins drôle qu’à deux ! Après une attente interminable devant les toilettes, j’ai juste le temps d’enfiler ma combi et d’aller me placer. Comme je suis un pro de la nat et un expert en départs, j’ai décidé de partir à gauche, à cause du solarium sur la droite qu’on est obligés de contourner. Au coup de feu, hop c’est parti et tout se passe bien...pendant environ 100 m. En effet, des bouées ont été installées sur la gauche, nous empêchant de nous déporter ! De la plage, on ne les avait pas vues et la surprise est totale : on se retrouve coincés entre, à gauche, les bouées (et les canoës venus nous empêcher de passer par-dessus) et à droite, toute la meute qui se déporte ers nous pour contourner ce satané solarium. C’est la cohue totale, on est bloqués, à la verticale, sur place, comme des sardines (petite pensée pour Patrick Sébastien, la star lyrique française) pendant que tous les autres passent. Quel bordel, ça crie, un gars se paie même le luxe de me coller un bourre pif, comme ça, en pleine paix en plus ! Je me demande vraiment ce que je fous là, j’ai envie de passer par-dessus les bouées et de me faire disqualifier tellement j’en ai marre. Finalement, une fois qu’il ne reste presque plus personne derrière nous, on repart et c’est la guerre sur tout le premier tour. Pour couronner le tout, à la fin de ce tour je pars à gauche dans un cul-de-sac formé par des bouées (décidément...). Le temps qu’un canoë nous signale notre erreur, on a fait au moins 100m, qu’il faut refaire dans l’autre sens pour enfin reprendre la bonne route. C’est la louze totale.
Sur le deuxième tour enfin, on est moins serrés, je me sens enfin bien et malgré cette entame ratée, j’essaie d’allonger, ne serait-ce que pour rendre « hommage » au travail qu’Alexandra a fait pour essayer que l’on s’améliore : elle mérite bien que je fasse un minimum d’efforts. Du coup je repasse plein de monde, ça devient l’euphorie, derrière moi se dresse une gerbe d’eau, les Zodiacs ne suivent plus, bref vous l’aurez compris je suis enfin à mon niveau : je vole. Après cette chevauchée fantastique je sors en 1h11 au milieu du paquet, quelle réussite... A ce moment je me dis que le plus dur est passé... (Les points de suspension à la fin de la phrase, c’est pour le suspens : « C’est bien vrai que le plus dur est passé, ou y a-t-il eu un problème ?? »).
Je me change « à la vinolienne », comprenez que je ne gagne pas de place à la transition, c’est le moins qu’on puisse dire, puis je m’élance sur le parcours vélo. Les difficultés sont connues, il n’y a pas de surprise mais deux records de grande classe vont tomber : 7 arrêts pipi et surtout, ma très grande fierté : moins de 1 minute pour avaler le quart d’un Gatosport en haut de l’Izoard : une prouesse ! Au 40 ème km, Alexandre Touzard, vainqueur de l’Altriman, me double. Je lui demande s’il compte faire la même remontée à vélo que celle qu’il avait faite aux Angles, mais il me répond qu’il n’a pas récupéré et que la suite risque d’être plus compliquée. Attendu dans le top 10, il finira 16ème avec le meilleur temps marathon : très impressionnant.
Le parcours vélo se fait moins en retenue qu’à l’Altriman, je force assez régulièrement et surtout pendant le retour après Briançon où on a le vent violent en pleine quiche. Quel con de ne pas avoir pensé au prolongateur !! Vient la côte de Pallon, difficile, et enfin Chalvet. Je suis confiant, je l’avais montée sans souci en 2008, donc ça devrait aller. Et là, au bout de quelques centaines de mètres, pfiouuuuu, presque pas de jus, d’un coup d’un seul. Je monte en souplesse, 34 x 29, je me dis que le vélo se termine et je serre les dents jusqu’en haut. Mais tout à coup, en quelques secondes, c’est le black-out : plus de son, plus d’images ; je vois tout gris puis tout noir, les sons sont assourdissants, je ne comprends rien à ce qu’on me dit et je ne vois même pas qui me parle. A vrai dire je commence un peu à paniquer, c’est l’incompréhension. Que faire ? Au bout de quelques minutes, tac, le courant revient sans prévenir. Je redescends vers le parc à vélo mais moralement, je n’y suis plus. Plus de motivation, mais beaucoup d’interrogations et la peur d’avoir été trop gourmand.
Une fois au parc, je rejoins ma place et d’un coup je me mets à chialer. Je ne sais pas ce que je dois faire, l’abandon me traverse l’esprit, cette perte de repères en haut de Chalvet m’a fait peur. Mais mécaniquement, sans réfléchir, j’enfile me chaussures de course, j’attrape mes quelques affaires, j’enfile mon bob et je pars sur le marathon. A ce moment je pense que c’est l’ « habitude » des IM qui m’a poussé à partir. Sans expérience, j’aurais sans doute lâché prise.
Les 30 premiers km du marathon se passent avec un détachement total : physiquement ça va assez bien mais mentalement, clairement je n’y suis plus. C’est la première fois que le physique prend le pas sur le mental, d’habitude c’est le mental qui me fait tenir. J’avoue que je suis un peu perdu et totalement désabusé ; doubler ou me faire doubler ne me fait ni chaud ni froid, je subis complètement la course malgré un public incroyable sur tout le parcours (la traversée d’Embrun, c’est fou : les gens s’écartent juste quand on passe, ils sont massés sur le parcours, c’est la folie).
Mais au passage au panneau « 30 km », d’un coup d’un seul, gloire au Divin, le mental se remet en route !! Je ne cherche pas longtemps d’explication, j’en profite : j’accélère, je double et double encore, je n’ai plus mal, je retrouve l’envie de faire de mon mieux. C’est incroyable comme la situation s’est retournée en quelques mètres, j’ai le mors entre les dents, je veux donner le maximum pour sauver ma course, ne pas me sentir ridicule. Les km défilent, mes semelles crient grâce, mon bob manque de s’envoler à plusieurs reprises à cause de la vitesse, ceux que je double n’ont même pas le temps de voir la couleur de ma trifonction, en un mot et très modestement, je me suis Ferrarisé. Bref, à ce train là la ligne approche, Léa et Noé m’attendent et comme sur l’Altriman on termine main dans la main. Je ne connais pas mon temps ni mon classement et je m’en fous. Je suis juste content et soulagé d’avoir réussi à inverser une tendance négative. Comme d’habitude, je lâche ma larme. Puis je rejoins Florence et je re-lâche ma larme, ça c’est la première fois. Sans compter la troisième fois un peu plus tard. J’ai vraiment tiré sur le mental cette fois, nerveusement je suis très entamé, bien plus que ce que j’avais imaginé et c’est un signe à retenir pour plus tard...
Enfin, je me ravitaille très rapidement puis je récupère mes affaires : Bye bye les gueux, on se barre !!!
J’appelle directement Stéphane pour une discussion sur la course, puis David. Merci au passage pour vos encouragements, ça fait du bien...
Voilà, c’est fait, je finis 159ème sur 1260, en 12h47. Etant donné le déroulement de la course, c’est presque anecdotique. Maintenant c’est au tour de Denis et de Franck de s’élancer sur IM, le club est derrière vous les gars !
 
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#2941
stefanpetit (Utilisateur)
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Re:Embrun 2014 Lun. 18 Août 14 21:38:19 Karma: 0  
C'est toujours aussi prenant de lire ces résumés. C'est un vrai régal.
Et ça rappelle des souvenirs...
Encore BRAVO à toi
 
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#2942
David (Utilisateur)
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Re:Embrun 2014 Lun. 18 Août 14 23:37:31 Karma: 8  
Ces récits sont vraiment vibrants! Ca donne autant envie que cela fait peur...(la faute à Chalvet)
Voir que le mental tend à sombré n'est pas forcément étonnant 5 semaines après l'Altriman. Ca doit être super usant nerveusement de ne pas pouvoir relâcher mais savoir que le physique va plutôt bien, c'est énorme et ça en dit long sur tes capacités! C'est clair que 95% des mecs auraient abandonné après un tel black out. Je suis partagé sur le fait de vouloir toujours pousser la machine mais on se rend compte malgré tout que le corps humain est capable de beaucoup car tu t'enfiles un marathon derrière, et avec la manière:hallucinant!
En tout cas encore bravo et à voir les temps que les uns et les autres mettent sur le marathon, on se dit en effet que c'est surtout dans la tête que cela se joue!

Bonne récup' et fais du jus pour Joué les Tours. La côté de l'Epan qu'il faudra passer 3 fois va te secouer les côtes. Il fallait au moins faire l'altriman et embrun pour la passer...et encore c'est pas sûr. Tu vas voir ce que c'est une vraie épreuve de tri! Et c'est pas tes 2 séances d'enchaînement qui vont nous impressionner!

A vous maintenant Franck et Denis! Mais avec une telle locomotive, la motivation à à peine 15 jours de l'échéance doit être au rdv!
 
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#2943
denis (Utilisateur)
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Re:Embrun 2014 Dim. 24 Août 14 14:00:13 Karma: 0  
super ton récit megasuperIronman Merri même ma femme était bidonné, avec tes superbes métaphores!!!


Bon ça va être à mon tour content de commencer par un IM "facile" ou au moins on peut doser le vélo...j'espère juste ne pas reculer à la fin du marathon...
à plus pour mon compte rendu
denis
 
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